La guerre de la péninsule de GALLIPOLI
Les uns après les autres, les pays étaient entraînés dans la guerre; la Turquie se rangea du côté des puissances centrales. Cette décision s’expliquait à la fois par son impuissance à maîtriser la révolution dans les Balkans et par sa crainte ancestrale des visées russes sur les Dardanelles. Début 1914, le ministre de la Guerre, Enver Pacha, avait demandé au général Liman von Sanders, chef de la mission militaire allemande à Constantinople, de réorganiser l’armée turque. Puis il signa un accord secret avec l’Allemagne juste avant le début des hostilités. Deux mois plus tard, la Turquie déclarait la guerre et envoyait ses troupes dans le Caucase, sur sa frontière avec la Russie. Malgré un temps épouvantable, 100.000 soldats turcs parvinrent à contenir et à repousser les troupes russes. La Russie, après avoir demandé des secours à la France et à la Grande-Bretagne, contre attaque et, début 1915, infligea une défaite décisive aux Turcs, à Sarikamis. Mais l’appel du tsar toucha une corde sensible des Britanniques ; lord Kitchener, anxieux à l’idée que les Turcs puissent menacer le canal de Suez, recherchait aussi un moyen de sortir de l’impasse du front occidental. Il était convaincu, comme Churchill, que la solution était d’attaquer la Turquie pour ouvrir une voie d’approvisionnement vers la Russie. Ainsi pensaient-ils tous les deux que la marine pourrait exécuter cette mission sans avoir à dégarnir le front occidental.
Voir
la carte des débarquements de Gallipoli
En mars 1915, une force navale franco-britannique essaya de se forcer un passage à travers le détroit des Dardanelles vers la mer de Marmara d’où les navires de guerre auraient pu bombarder Constantinople. Ce fut un échec. A Londres, le conseil de guerre parvint à la conclusion qu’il fallait envoyer des troupes terrestres. Il y en avait déjà dans le secteur, en Egypte. C’étaient de nouvelles recrues australiennes et néo-zélandaises, qui devinrent célèbres sous le nom d’Anzacs.
Des plans furent par ailleurs dressés pour la mise sur pied d’un corps expéditionnaire méditerranéen, le MEF, qui devait se rassembler sur l’île de Lemmos, dans la mer Egée. Il comprenait des Britanniques, des Français, des Australiens et des Néo-Zélandais et fut placé sous les ordres du général Hamilton, poète et romancier.
Entre – temps, après la surprise navale, la chance avait tourné : le débarquement se révélera moins facile que prévu. Les Turcs, pressentant qu’une attaque terrestre était imminente, rassemblèrent une armée dont Limant von Sanders prit le commandement le 26 mars.
Pour le malheur des Alliés, les Turcs disposaient d’un commandant particulièrement brillant : Mustafa Kemal futur fondateur de la république.
Mustafa
Kemal
Le corps expéditionnaire alliés, fort de 75.000 hommes, projetait une délicate opération amphibie de débarquement sur des plages aux falaises abruptes. Les navires de guerre et les croiseurs devaient transporter les troupes de Lemnos jusqu’à proximité de ces plages, où une flottille de remorqueurs les débarqueraient.
Les Anzacs attaqueraient le secteur nord, à partir d’une plage proche d’un promontoire appelé Gaba Tepe, tandis que les Britanniques se concentreraient sur la cap Helles dominant l’entrée des Dardanelles.
L'Armée Française AUX DARDANELLES ICI
Les troupe françaises venant d’Afrique du Nord débarqueraient sur la côte asiatique du détroit, à Kum Kale, essentiellement pour créer une diversion.
Il faisait encore nuit quand les troupes arrivèrent à proximité des côtes, à l’aube du 25 avril .
Au nord, les Anzacs se retrouvèrent en difficultés dès le débarquement : les hommes, complètement déboussolés, restaient coincés dans des escarpements pleins de ronces.
Dans la clarté indécise de l’aube, les 500 Turcs qui défendaient la position ouvrirent le feu. Comme les premiers Australiens luttaient pour conquérir les hauteurs, Kemal envoya rapidement des renforts, et , au début de l’après midi, 8 000 hommes sans commandement ni objectif s’entassaient sur la plage dans la plus grande confusion. Plus au sud, le débarquement britannique se déroulait de façon inégale : aux deux extrémités, la défense était plutôt faible, mais le centre était un piège meurtrier. Ralentis par le courant, les hommes atteignirent le rivage au lever du jour et furent accueillis par des tirs nourris.
A Kum Kale, les français débarquèrent sans problème. Sur les plages de Gallipoli, les Anzacs et les Britanniques creusèrent des tranchées. Quand aux Français, ils se retiraient de Kum Kale dès le 26 avril pour prêter main forte aux Britanniques au cap Helles. Postés en sur-plomb sur les falaises, les Turcs s’organisaient. Les deux côtés prévoyaient des attaques imminentes, mais aucun des adversaires n’était capable du moindre mouvement.
Les conditions à gallipoli n’étaient pas meilleures que celles du front ouest. Ecrasées par un soleil implacable, les troupe étaint décimées par les maladies, anéanties par le climat et les attaques inutiles. Ce n’est qu’au bout de trois mois que le gouvernement britannique essaya de les sortir de l’impasse en envoyant 5 nouvelles divisions.
Les Turcs disposaient alors de 15 divisions. Hamilton décida de frapper deux grands coups : une percée à partir de la baie des Anzacs et un débarquement de 15 000 hommes au nord, dans la baie de Suvla ; mais les deux attaques échouèrent.
Hamilton
Après les pluies de l’automne et avec l’arrivée de l’hivers, le gel fit ses premières victimes.
Les Alliés décidèrent alors d’arrêter les dégâts et organisèrent l’évacuation.
Les tranchées furent piégées et camouflées afin de faire croire qu’elles étaient garnies de combattants, les canons furent réglés afin de tirer automatiquement.
Pendant les nuits du 18 et 19 décembre, 20 000 rescapés quittèrent les baies des Anzacs et de Suvla à l’insu de l’ennemi.
Dès le 9 janvier, Helles était également évacué.
Ce repli en bon ordre fut le seul vrai succès des Alliés durant cette campagne mal préparée et déprimante : neuf mois de vains combats et 46 000 victimes.
Pendant ce temps, la Grande – Bretagne s’était engagée ailleurs au moyen – Orient, autour du golfe Persique. En novembre 1914, 4500 Britanniques et des troupes indiennes de Bombay débarquèrent à Fao (Al Faw), dans le fond du golfe, sur la côte de l’actuel Irac.
Journal des Marches et Opérations du 1er RÉGIMENT DE MARCHE D'AFRIQUE du 19 au 27 mai 1915 cote SHAT 26N-856 Début des combats des Dardanelles Formation en date du 01-Fevrier 1915 (dépêche 2608 1/11) 1 bataillon du 4° Zouaves 1 bataillon du 3° Zouaves 1 bataillon de Légion Embarquement dans différents ports pour expédition en Orient. 19/05/1915 La journée se passe sans incident notoire. Une attaque est décidée dans le Kereves par les 2 divisions, le RMA servant de pivot soutiendra par ses feux le mouvement en avant du 175°. Pertes : 2 tués, 4 blessés. 20/05/1915 04h30 - L'attaque qui devait avoir lieu est retardée 10h20 - Une attaque précédée d'une préparation d'artillerie doit avoir lieu d'ici à 2 heures 12h00 - L'attaque est reportée à une date ultérieure. L'après-midi est employé à améliorer les tranchées de la 1ere ligne. Pertes : 2 tués et 22 blessés 21/05/1915 La journée se passe sans incident Pertes : 3 blessés 22/05/1915 Le 175° devant faire un bond en avant afin de corriger la ligne de tranchées, le RMA aidera ce bond par des feux de toute la ligne, y compris de ses mitrailleuses. Pendant la nuit les positions sont les suivantes : En première ligne : Bataillon du 4° Zouaves En deuxième ligne : Bataillon de la Légion En réserve du régiment : bataillon du 3° Zouaves 23/05/1915 La journée se passe sans incident notoire. La relève de la brigade métropolitaine est faite par la brigade coloniale. Le RMA va prendre ses emplacements au repos à la tombée de la nuit. Dans le ravin de Morto Bay : le PC est installé avec le bataillon de Légion et celui du 3° Zouaves. Au camp des Oliviers, le bataillon du 4° Zouaves. 24/05/1915 RAS (Rien à signaler) 25/05/1915 RAS Renforts arrivés pour la Légion : 4 officiers - 350 hommes 4°Zouaves : 4 aspirants 3° Zouaves : 1 officier - 155 hommes 26 et 27/05/1915 RAS |
4e régiment mixte de marche, Lieutenant-colonel Vacher : 1er et 2e
bataillons sénégalais d'Algérie commandants Labarsouque et Derratier et
bataillon du 4e colonial commandant Serre.
6e régiment mixte de marche, Lieutenant-colonel Nogues 3e et 4e bataillons sénégalais
du Maroc, commandants Simonin et Nibaudeau, et bataillon du 6e colonial,
commandant Chabbert.
Ces deux unités devaient prendre par la suite les numéros 54 et 56.
Dans la deuxième division française qui arriva en renfort après les premières
batailles figurait également une brigade mixte coloniale commandée par le général
Simonin et comprenant les 7e et 8e régiments mixtes (devenus par la suite 57e
et 58e régiments) commandés par le commandant Aymes et le lieutenant-colonel
Adhémar.
Concentrée en Egypte la première division fut dirigée vers les détroits
le 25 avril 1915. Une diversion fut effectuée sur la cote d’Asie, à
Khoum-Kalé par le 6e régiment mixte colonial, et une batterie de 75, sous la
direction du colonel Ruef. Vif succès qui ne fut pas exploité, tous les plans
élaborés par le commandement britannique prévoyant le débarquement en force
sur la côte d'Europe, à Sedduhl-Bahr, ce qui fut une erreur et une faute
aussi.
La progression fut excessivement lente et, lorsque la deuxième division fut
engagée sur le plateau de Kérévès-Déré, et sur l'éperon au nord de
Krithia, clé de toute la presqu'île de Gallipoli, ce furent de durs combats
qui coûtèrent très cher en vies humaines.
Le général Gouraud avait pris le commandement du corps expéditionnaire français
le 14 mai 1915. Il réorganisa les positions, fit reprendre l'offensive le 1er
juin. Le 30 juin, les coloniaux enlevaient l'ouvrage du Quadrilatère.
Le général fut très grièvement blessé. Le général Ganeval, commandant
l'une des brigades, avait été tué.
Il eût été vain de s’obstiner et l'évacuation de la presqu’île s'échelonna de septembre à décembre 1915. La division coloniale, sous le commandement du général Brulard, quitta la dernière le front malheureux des Dardanelles où la France avait envoyé prés de 80.000 hommes et avait perdu 27.000, tués ou blessés.
La part des éléments coloniaux, dans ces pertes, atteint les deux tiers du chiffre cité.
Il y avait également aux Dardanelles le 2e Zouave
OPÉRATIONS DES DARDANELLES
Composition
des forces navales alliées au 18 mars 1915
- Cuirassé QUEEN ELISABETH
- - AGAMEMNON
- - LORD-NELSON
- - VENGEANCE
- - IRRESISTIBLE
- - ALBION
- - OCEAN
- - PRINCE GEORGES
- - MAJESTIC
- - TRIUMPH
- - SWIFTSURE
- - CANOPUS
- - CORNWALLIS
- Croiseur de bataille INFLEXIBLE
- Croiseur léger AMETHYST
- - - DARTMOUTH
- - - DUBLIN
- - - SAPPHIRE
- Canonnière HUSSAR
- Porte-avions ARK-ROYAL
- Flotille de torpilleurs : 16 destroyers
- Sous-marins B-6 ; B-8 ; B-9 ; B-11 ; A.E-2
- Flotille de dragueurs : 21 dragueurs
- Base de Moudros : EUPHRATE (Contre-Amiral Rosslyn WEMYSS)
Soit un total de 18.000 hommes, 84 pièces de gros calibre (supérieur à 234 m/m), 196 pièces de moyen calibre (entre 100 et 190 m/m) et environ 300 pièces de petit calibre.
B.
FORCES FRANÇAISES ( Contre-Amiral GUÉPRATTE)
-
Cuirassé SUFFREN
- - BOUVET
- - CHARLEMAGNE
- - GAULOIS
- 5ème escadrille de torpilleurs : - POIGNARD - FANFARE - SAPE
- TRIDENT - SABRETACHE - COGNÉE
- Sous-marins : JOULE ; BERNOUILLI ; COULOMB
- 1ère escadrille de dragueurs : MARIUS CHAMBON ; PIOCHE ; RATEAU ; HENRIETTE ;
JULES COUETTE ; ISKHEUL
- 2ème escadrille de dragueurs : HERSE ; CHARRUE ; PROVENCE ; MARSEILLAIS-XVIII ; ROVE
Soit un total de 3.600 hommes , 16 pièces de gros calibre , 70 pièces de moyen calibre , 128 pièces de petit calibre.
Jacques SEYNAEVE