LA 2ème D.B. – Qu’est – ce que c’est ?

UN CHEF EXCEPTIONNEL

 

Le futur Maréchal de France, Philippe, François, Marie de Hautelocloque, naît le 22 novembre 1902 au château de Belloy-Saint-Léonard dans le Somme.

Il descend d’une famille de vielle noblesse picarde qui s’illustra, pendant un millénaire, au service de le France et dont le devise est << On entend loing, Haute Cloque >>.

Elevé dans la plus sévère tradition d’une ligne de gentilhommes chrétiens, son adolescence est profondément marqué par les événements dont le Nord de la France fut le théâtre entre 1914 et 1918. Très jeune il trempe son caractère aux réalités tragiques de la guerre et aux exemples que lui donne un père héroïque .

Quelques années plus tard, en 1922, c’est un jeune homme éduqué et dressé à la discipline militaire qui entre à Saint-Cyr. Il en sort deux ans après Major de l’Armée de la Cavalerie. En 1925 il réédite ce succès à l’école d’ Application de Saumur.

Après quelques mois de garnison en Allemagne occupée, il obtient une affectation au Maroc où il va faire ses premières armes.

Puis, instructeur pendant deux ans à l’école d’élèves Officiers marocain de Dar Beida, il acquiert, sur l’élite de la jeunesse marocaine qui fréquente cette école, un prestige et un ascendant considérable.

Entre 1929 et 1933, il participe aux tâches de pacification de l’Atlas Marocain et accomplit des actions d’éclat remarquables.

Aucours d’une opération dans le Kerdous, son action personnelle contribue, d’une manière décisive, à la soumission de cinq mille dissidents.

Ses exploits lui valent les citations les plus élogieuses. Le lieutenant de Hauteclocque sert ensuite en qualité d’instructeur à Saint-Cyr où il s’impose à ses jeunes qui le servent avec une fierté admirative.

Après cette période, il entre 1er à l’Ecole Supérieure de guerre. Il en sortira major en juillet 1939.

Mais, c’est la guerre.

Fin mai 1940, la Capitaine de Hauteclocque qui sert dans un Etat-Major de Division, est fait prisonnier. Il parvient à fausser compagnie à ses gardiens et à rejoindre les lignes françaises. Avec la 3ème Division Cuirassée, il participe à une contre-attaque dans la plaine de Champagne. Le 15 juin, il est blessé à la tête et évacué sur l’hôpital d’ Avallon où, le surlendemain, les Allemands arrivent ; Il s’évade à nouveau le 17 juin. En se dirigeant vers le Sud-Ouest, il rencontre près de Libourne où ils se sont repliés, sa femme et ses enfants. Sans s’attarder, via l’Espagne et le Portugal, il réussit, à gagner Londre. Le 25 juillet 1940, il se présente au Général de Gaulle sous le nom de Leclerc, qu’il a adopté en falsifiant un passeport, pour passer la frontière d’Espagne.

Ce nom commun cache une personnalité déjà très accusée.

Sa silhouette est fine et racée. Il est fait du plus vif argent et de l’acier le plus dur.

Trempé aux plus hautes valeurs morale. C’est un trait de sa personnalité de dégager, en toutes circonstances, une grandeur spirituelle, une foi tranquille et sereine qui semble défier et forcer le destin.

Qu’est-ce qui a bien pu pousser cet officier de noble tradition, père de six enfants, à quitter la France pour ne pas subir la défaite, à choisir l’aventure et à repousser les séductions d’une soi-disant révolution national, dont on parlait alors dans un !!France vaincue ?

A la base de tout, il y a une foi patriotique aussi profonde que sa foi religieuse ; la France n’est pas morte, il est nécessaire de le prouver, à quelque prix et par quelque moyens que ce soit.

Plus tard, lorsqu’il retrouvera le sol natal, il écrira : << Sortis de France, la rage au cœur, mais non vaincus, nous sommes rentrés décidés à surmonter n’importe quel obstacle, fût-ce au mépris des principes raisonnables de l’art de la guerre >>.

Le 6 août 1940, Le clerc quitte l’Angleterre, en compagnie de deux autres émissaires du Général de Gaulle, pour l’Afrique Equatroriale Française. Le 26 août, par sa seule présence dynamique, il rallie le Cameroune à la France libre.

De ce territoire, le 10 novembre, après un raid éclair, il rallie le Gabon. Le 2 décembre 1940, il est nommé par le Général de Gaulle, Commandant Militaire du Tchad et il arrive à Fort-Lamy.

Il y trouve le Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad, encadré par des officiers et des sous-officiers de valeur, qui adhèrent à fond aux vues du Général de Gaulle. Leclerc constitue là sa première équipe, le noyau auquel viendront se souder les éléments venus de France par l’Angleterre. Avec ces moyens quantitativement dérisoire, mais qualitativement excellents, il va écrire les premières pages d’une épopée.

Dès le 25 janvier 1941, il lance à travers 650 kilomètres de désert, une audacieuse opération contre Koufra, citadelle italienne de Libye, réputée imprenable.

Le 1er mars, Koufra est conquise et devant le drapeau français, timbré de la Croix de Lorraine, flottant au haut du mât, Leclerc proclame devant ses hommes << Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg >>.

C’est ce qui fut appelé le Serment de Koufra.

Le retentissement de la prise de Koufra fut immense ; chef-d’œuvre de coup de main en espace désertique, réalisé par une poignée d’hommes, au prix d’immenses efforts, avec une remarquable maîtrise, il fut le premier acte positif d’une volonté et d’une espérance : celle de libérer un jour le territoire national.

Leclerc prend dès lors la dimension d’un symbole :

Celui du chef qui ignore et méprise les difficultés. Il fanatise ses troupes qui lui vouent une confiance sans limites. Désormais, il peu tout leur demander, même l’impossible.

Et, pendant plus d’un an, jusqu’en décembre 1942, il réorganise et rééquipe ses unités.

Pour entretenir la flamme, il se livre à des raids de harcèlement contre les postes italiens de Fezzan. Tous réussissent au-delà des prévision.

En décembre 1942, combinant ses mouvements avec la marche vers l’Ouest de la 8ème Armée britannique  sortie d’Egypte, la colonne Leclerc se lance à l’assaut définitif du territoire du Fezzan et le conquiert en trois semaines.

La jonction avec la 8ème Armée de Montgomery se fait le 24 janvier 1943 à Tripoli.

Ce sont quelques centaines de << clochards épique >>, comme les qualifia plus tard André Malraux, qui se présentent aux britanniques admiratifs.

Mal vêtus, hirsutes, ayant manqué d’eau pour se laver, avec des équipements de fortune, un armement sommaire, des véhicules de combat et de transport <<bricolés>> et surtout une insuffisance de ravitaillement de toutes sortes qui aurait pu être dramatique, ils viennent de conquérir un pays aussi vaste que la France en faisant des milliers de prisonniers. Leclerc, omniprésent, voit tout, dirige tout, décide de tout. Il enthousiasme et galvanise ses hommes.

Le Général Montgomery saisit rapidement tout le parti qu’il peut tirer d’un chef et d’hommes d’une telle qualité, pour la campagne de Tunisie qui va commencer. Il équipe la colonne Leclerc qui devient dès ce moment la Force L.

Le 23 février à Ksar Rhilane dans le sur Tunisien, la Force L. s’installe en flanc-garde gauche de la 8ème Armée qui s’apprête à enlever la ligne Mareth, défendu par Rommel

 

Le 10 mars la position est attaquée par d’importante forces blindées allemande. Bien que ne possédant aucun char, cette Force L. inflige un grave échec à la 90ème Panzer Grenadier Division ennemie.

Montgomery, après avoir suivi anxieusement les péripéties du combat et désespéré de revoir Leclerc et ses hommes, télégraphie sobrement le lendemain << Bien joué >>.

Plus tard, en Tripolitaine, il présentera Leclerc au roi Georges VI en disant << Sire, voici le Général Leclerc, sans lui je n’aurais pas pris le ligne Mareth >>.

De Ksars Rhilane à Tunis en passant par les Matmatas, Gabès, Kairouan, le Zaghouan, au prix de farouche combats, la Force L. participe à la libération de la Tunisie.

Pour lui rendre un hommage solennel, le Général Montgomery lors du défilé de la Victoire, le 20 mai 1943 à Tunis, le place en tête de la prestigieuse 8ème Armée.

Dès ce moment, Leclerc a déjà derrière lui une épopée. Une légende l’entoure. Elle attire des milliers de jeunes gens qui, échappés d’Europe ou venant des Territoires d’Afrique du Nord, s’engagent sous la bannière du vainqueur de désert.

Celui-ci, dont l’élégance fragile, contrastant avec l’énergie indomptable et l’activité inlassable, séduit et attire, vient de montrer les qualités et les vertus d’un chef de guerre exceptionnel ; Calculateur audacieux mais organisateur méthodique, ayant l’art de simplifier les problèmes et de les dominer par une persévérance d’une rare lucidité, il s’est imposé définitivement .

Quel chef plus complet, plus qualifié, pouvait recevoir la permission qui devient alors la sienne : mettre sur pied une division blindée en vue des combats de la libération de l’ Europe ?

Cette nouvelle grande unité, dont la Force L. constitue l’ossature, est réée et organisée, d’abord à Sabratha en Tripolotaine, puis à Témara au Maroc ;

En avril 1944, c’est un magnifique instrument de combat ayant à sa tête le plus fameux chevalier des temps modernes, qui s’embarque pour l’ Angleterre, où dans le Yorkshire, elle va parfaire son entraînement en attendant l’heure du débarquement en France.

Ce qu’était déjà cette 2ème division blindée, c’est à une poète, Jean Cocteau, que nous allons le demander, après la libération de Paris. Parlant de la division Leclerc, il écrire << Une équipe qui ne voit que d’un œil et ne bat que d’un cœur. Elle adopte l’âme du chef jusqu’à l’être et à l’épanouir autour de sa personne à la manière des o,des >>. Et de Leclerc il ajoute << Ce héros modeste réussissait le tour de force d’être une haute solitude et une foule enthousiaste >>.

Le 1er août 1944, la 2ème division blindée qui fait de la 1ère Armée américaine prend pied sur le sol français aux abords de sainte-Mère-l’Eglisse dans le Cotentin.

Ce que fut la campagne de France de cette grande unité ? Une charge fougueuse, parfois fulgurante, toujours triomphale. Les étapes glorieuses en sont : la prise d’ Alençon, les combats de la forêt d’ Ecouves, Paris où Leclerc reçoit la capitulation de von Choltitz, Baccarat, Dompaire, la traversée des Vosges dans un rush éblouissant, la capture de Strasbourg où l’ennemi surpris n’a pas le temps de réagir. Le 23 novembre 1944, le drapeau français flotte sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg.

  Le serment de Koufra est tenu.

La guerre, elle, n’est pas finie. La division Leclerc participe au nettoyage de l’ Alsace, joue un rôle dans l’ arrêt de l’ offensive désespérée de von Rundtedt, et le 3 mai 1945, la chevauchée partie du Tchad s’achève victorieusement au nid d’ aigle d’ Hitler à Berchtesgaden.

Les campagnes de Leclerc soulèvent l’ admiration. Tout au long de cette marche victorieuse, Leclerc reçoit des chefs alliés les marques de la plus haute estime et acquiert auprès du peuple français tout entier, la plus exceptionnelle popularité.

Il est le héros que les Parisiens en délire acclament, celui que les Alsaciens et les Strasbourgeois vénèrent.

Vis à vis de ses soldats, sa stature a encore grandi. On l’ a vu conduire ses groupements tactiques avec une maestria sans pareille. Par une sorte de sens divinatoire du combat qui       n’est l’apanage que des grands capitaines, il a toujours été présent à l’heure et sur les lieux où se produisaient les batailles décisives ou les plus dures.

Payant d’exemple, allant à l’essentiel, décidant vite et juste, maître de soi, modeste, ces traits ordinaires de Leclerc excluent les mots historiques ou les fanfaronnades.

Après Berchtesgaden, l’Allemagne est vaincue. Il adresse l’ordre du jour suivant à sa division : << L’ ennemi a capitulé. Du Tchad à Berchtesgaden, partout vous l’avez battu. Au nom de la France je vous en remercie et je vous demande de montrer au service du pays la même énergie demain, dans la paix, qu’hier dans la guerre. Vive le Général de Gaulle ! Vive la France >>.

Voilà son style. Dominer les événement sans battage, s’imposer aux hommes sans phrases, c’est la marque de la grandeur d’âme.

Après l’effondrement de l’Allemagne, le Général Leclerc est désigné pour commander le Coprs Expéditionnaire Français en Extrème-Orient, prévu pour participer à la guerre dans le pacifique.

Il fait ses adieux à sa célèbre division le 22 juin à Fontainebleau.

Une partie de celle-ci le suivra, d’ailleurs, en Extrême-Orient.

Les hostilités contre le Japon ayant pris fin en août 1945, le C.E.F.E.O. est dirigé directement sur l’Indochine.

Leclerc contresigne pour la France, le 2 septembre, à bord du cuirassé américain Missouri, l’acte de capitulation du Japon et il arrive à Saïgon le 5 septembre.

Il galvanise les Français qu’il a trouvés, parqués dans des résidences forcées. Avec les quelques troupes dont il dispose, il pacifie en trois mois le Cambodge, la Cochinchine et une partie de l’Annam.

Le 6 mars 1946, il débarque au Tonkin. Le 5 juin, l’occupation étrangère en Indochine a pris fin, y compris au Laos.

Le général Leclerc qui a repris son nom patronymique rentre en France, mission terminée, en juillet 1946.

Il est Général d’Armée, Compagnon de la Libération, Grand Croix de la Légion d’Honneur, Médaillé Militaire. Il a alors 43 ans.

En indochine pacifiée il a fait une tentative loyale de collaboration avec le chef des nationaliste Viet Minh : Ho Chi Minh.

Dans une vue que les événements ultérieurs ont rendue prophétique, il écrit dans un rapport de fin de mission << Dans une telle situation, la solution complexe et probablement longue à venir ne pourra être que politique. En 1947, la France ne jugulera plus par les armes un groupement de 24 millions d’habitants qui prend corps et dans lequel existe une idée xénophobe autant que nationale>>.

Ce sont là parole d’homme d’Etat clairvoyant.

Dès sont retour il est nommé Inspecteur Général des Forces en Afrique du Nord. Il déploie dans cette fonction une activité éclairée et féconde.

C’est au cours d’une mission dans le Sud Algérien qu’il trouve la mort le 28 novembre 1947 dans un accident d’avion. Il avait 45 ans.

Le lendemain, 29 novembre 1947, l’Assemblée Nationale déclare : << Le Général Leclerc a bien mérité de la Patrie >> et décrètes des obsèques nationales. Au milieu de la douloureuse ferveur de tout un peuple le Général Leclerc de Hauteclocque est inhumé aux Invalides.

La France qui lui devait tant et qui était en droit d’en attendre encore davantage, a pleuré son héros.

Dans un hommage à Leclerc, Monsieur Léon Blum, ancien Président du Conseil a écrit << Ce qui frappait en lui c’était la simplicité, la franchise, la droiture, une sorte de noblesse parfaitement modeste et ce courage dans le bon sens qui s’égale, chez les hommes d’action, aux plus hautes qualités de l’esprit >>.

Cinq ans après sa mort, le 26 juin 1952, hommage suprême, le titre de Maréchal de France est décerné au Général Leclerc. La loi le nomme :

<< Général Leclerc de Hauteclocque, Maréchal de France >>.

                                                                   Général VEZINET.

Voir la biographie du Général Vézinet


Les groupements tactiques 
Les différentes unités de la 2e DB, sur le terrain, ne sont pas ordonnées comme sur le papier. Le principe est celui de les répartir en trois, parfois quatre, « groupements tactiques » (GT), qui peuvent exécuter de façon autonome une mission de combat. 

Chaque groupement tactique comprend, en principe, un régiment d'infanterie et un régiment de blindés de combat, auxquels s'ajoutent des éléments plus modestes de reconnaissance (un escadron), d'artillerie (un groupe) et de Génie.

Le groupement tactique commandé par le colonel Dio (GTD) additionne ainsi le 1er RMT (infanterie), le 4e RMSM (reconnaissance), le 12e RC (blindés), le 3e RBFM (chasseurs de chars), le 1/3e RAC (artillerie) et le 2/13e bataillon du Génie.

Le groupement tactique Langlade (GTL) regroupe le 2e RMT, le 2e RMSM, le 12e RCA, le 4e RBFM, le 1/40e RANA et le 2/13e bataillon du Génie.

Le groupement tactique Warabiot (GTV), ensuite commandé par le lieutenant-colonel de Guillebon, se compose des 3e RMT, 3e RMSM, 501e RCC, 2e RBFM, 11/64e RA et 2/13e bataillon du Génie.

Un quatrième groupement tactique, dit Rémy (GTR) avait été constitué ponctuellement en Normandie et en Ile-de-France, avec quatre escadrons du régiment de marche de spahis marocains, un escadron du RBFM, une batterie du 11/64e RA et la 1ere compagnie du RMT.

Ajoutons que ces groupements sont parfois organisés en plusieurs sous-groupements, de deux à quatre selon les cas de figure, appelés alors par la lettre initiale de leur commandant. Exemple, le sous-groupement La Horie, dit sous-groupement H, conserva cette dénomination même après la mort du lieutenant-colonel. 

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