Jacques Bonsergent
Jacques Bonsergent
premier fusillé et sacrifié le 23 décembre 1940
Dans le Xe arrondissement de Paris, une station de métro et une
place portent son nom : Jacques Bonsergent est le premier Français
fusillé par l’occupant, un froid matin d’hiver dans un bois près de
Vincennes. C’était le 23 décembre 1940, il avait 28 ans.
Une station de métro, une place à Paris, portent le nom de cet homme
: Jacques Bonsergent, ingénieur arts et métiers, a été le premier
Français fusillé par l’occupant, le 23 décembre 1940. Il avait 28
ans.
" J’ai été jugé le 5 décembre, et condamné à mort ; ma grâce a été
rejetée, je suis exécuté demain matin, on vient de me l’annoncer
(...) Surtout ne vous faites pas de bile, je ne m’en fais pas
moi-même "... Ainsi commence la lettre que Jacques Bonsergent écrit
à un camarade de promotion, le 22 décembre 1940. Fusillé le
lendemain, cette première victime de la seconde Guerre Mondiale est
innocente. Personne ne le sait alors... André Autrusson, ancien
vice-président de la société des anciens élèves de l’École nationale
supérieure d’arts et métiers, a retracé son histoire.
Jacques Bonsergent est né à Malestroit, près de Vannes. Issu d’une
grande famille bretonne, il reçoit une forte éducation morale et
religieuse. Mobilisé en 1939, durant " la drôle de guerre ", il est
rappelé comme affecté spécial. C’est le début de l’occupation
allemande...
Le dimanche 10 novembre 1940, Jacques et ses amis reviennent d’un
mariage. Aux abords de la gare Saint-Lazare, vers 21 heures, ils
marchent dans la nuit noire, la défense passive interdisant toute
lumière à l’extérieur, quand un groupe de soldats allemands arrive
en sens inverse. Bousculade, mêlée confuse. Tout le monde
s’éparpille mais Jacques Bonsergent, repéré par sa haute taille, est
arrêté, frappé à la tête, puis entraîné à l’intérieur de l’hôtel
Terminus. On lui demande de donner les noms de ses camarades, ce
qu’il refusera jusqu’à son dernier souffle. Il est transféré à la
prison du Cherche-Midi.
Condamné pour " faire un exemple "
Son arrestation tombe la veille de la première manifestation de
masse dans la capitale contre les Allemands. Jugé 25 jours plus
tard, dans ce contexte, Jacques Bonsergent devient le condamné idéal
qui permettra, à la première occasion, de " faire un exemple " pour
frapper l’opinion des Français. Cette occasion se présente le 13
décembre à Vichy. Le maréchal Pétain, qui a renvoyé son chef de
gouvernement Pierre Laval, refuse de se rendre à Paris pour recevoir
les cendres du duc de Reichstadt - fils de Napoléon Ier et de
l’impératrice Marie-Louise archiduchesse d’Autriche - qu’Hitler veut
rendre solennellement à la France. Pour le Führer, c’est un affront,
une " infamie inqualifiable ".
Dans sa cellule 175 du Cherche-Midi, Jacques Bonsergent subit le
contrecoup de cette péripétie : le général Otto Von Stülpnagel,
commandant en chef des troupes de la Wehrmacht en France, ne signera
pas sa grâce.
Le 23 décembre au matin, les Parisiens découvrent cette affiche : "
L’ingénieur Jacques Bonsergent a été condamné à mort par le tribunal
militaire allemand pour acte de violence envers un membre de l’armée
allemande. Il a été fusillé ce matin ".
Le martyre de Jacques Bonsergent, tombé à 28 ans sous les balles
d’un peloton d’exécution à la place de camarades qu’il a refusé de
dénoncer, reste à jamais un symbole d’héroïsme, de sacrifice, et de
fraternité. Au cimetière de Malestroit demain matin, hommage sera
rendu à celui qui écrivait à son camarade, la veille de son
exécution : " Je n’aurais jamais cru écrire mes dernières volontés
si tôt, écrit Jacques à son camarade, la veille de son exécution.
Sur ce, je t’embrasse fraternellement et te dis adieu avant de me
coucher pour la dernière fois ".
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