C’était quoi l’Indochine ?…

Au fil de l’année,se succèdent commémorations concernant<<l’Indochine Française>>:Souvenir du << coup de force japonais >> du 9 mars 1945.Anniversaire de la fin de la guerre (française) d’Indochine le 21 juillet 1954.Devant les monuments, les rangs des témoins directs de ces événements s’éclaircissent, tandis que, dans les programmes d’ histoire de l’Education nationale, l’ancien << empire colonial français >> n’est plus guère un sujet d’étude.Aussi, parmi les spectateurs de ces cérémonies et surtout dans les jeunes générations, bien peu sont ceux qui savent ce que fut l’Indochine et comment elle devient <<française>>.

C’est pourquoi à le demande de M. Henris Havard, administrateur du GR 195, le général Paul Simonin, auteur de plusieurs ouvrages en particulier <<Les bérets blancs de la Légion en Indochine >> a accepté de rédiger le texte suivant, destiné à informer les jeunes.

De nombreux lecteurs de <<La Charte>> seront sûrement heureux d’en disposer.E-mail: lacharte@maginot.asso.fr


Voir la carte Diên Biên Phu

Carte de Phu Tho

Carte du Vietnam


Texte du Général Paul Simonin


 

Les premiers Français venus en Indochine, entre les 16e et 18e siècles, étaient des missionnaires jésuites. Parmi les plus connus, on citera le Père Alexandre de Rhodes au 17e siècle et Monseigneur Pigneau de Behaine au 18e siècle.

Père Alexandre de Rhode

Monseigneur pigneau de Behaine

 

Mais dès le 17e siècle, les catholiques vietnamiens seront persécutés et les martyrs très nombreux, surtout en Cochinchine, où l’on compte jusqu’à 60.000 chrétiens à la fin de ce même siècle.

Une féroce persécution s’étant abattue sur les missionnaires et les catholiques indochinois, entre 1830 et 1858, la France, après bien des hésitations, se décide à intervenir avec des moyens militaires importants. Après le temps des missionnaires arrive le temps des soldats…

La conquête de l’Indochine commence par la prise de Tourane en 1858 et de Saigon en 1859. La Cochinchine est rapidement occupée et, en 1862, un traité de paix est signé entre la France et l’empereur d’Annam : la Cochinchine devient ainsi une colonie française.

Au fur et à mesure, arrivent les administrateurs, les marchands, les colons, les constructeurs, les enseignants.

La célèbre cathédrale de Saigon, construite en briques rouges, est inaugurée en 1863.

La conquête du Cambodge s’étant faite sans grande difficultés, une convention signée le 11 août 1863 avec le roi du Cambodge, le place sous protectorat français.

Alors qu’après de sérieux combats entre Français et Siamois, de 1887 à 1893, le Laos est placé lui aussi sous protectorat Français.

La conquête du Tonkin sera longue et exigera de gros effectifs. La France aura à lutter contre les Pavillons Noirs et les troupes chinoises. Commencés en 1873 par la prise d’Hanoi, évacuée en 1774 et reprise en 1882, les combats s’intensifient et ne se terminent qu’en 1892. Cependant, le 6 juin 1884, un traité signé avec l’empereur d’Annam place l’Annam et la Tokin sous protectorat français ; le 4 avril 1885, une convention franco-chinoise met fin aux hostilités et en 1887, est créée l’Union indichinoise placée sous suzeraineté française.

De 1890 à 1940, malgré des révoltes et de rebellions vite étouffées, l’indochine se dévoloppe et devient la perle des colonies française ; On construit sur tout le territoire des routes, des écoles, des dispensaires. Dans chaque ville se développent des collèges, des lycées, des hôpitaux, des bâtiments administratifs. Saigon et Hanoi sont reliées par une ligne de chemin de fer, ainsi que Hanoi à la frontière de Chine.

La cathédrale de Hanoï

Dès 1885, on bâtit sur les marais la ville-champignon de Haiphong, qui devient le grand port du Tonkin.

Les colons sont peu nombreux ; ils défrichent les forêts du sud pour y élever des plantations d’hévéas (genre d’arbre de la famille des euphorblacées, originaire d’Amérique du sud) et de caféiers.

En 1940 les civils français ne sont que 40.000 : fonctionnaires, colons, enseignants, médecins, industriels, prêtres, et religieuses. Quand aux militaires, dispersés sur tout le territoire, on en compte environ 40.000.

La défaite de l’armée française en juin 1940, donne un coup sérieux au prestige français. Les japonais installés à la frontière nord du Tonkin, n’hésitent d’ailleurs pas à profiter de la situation.

Après plusieurs ultimatums lancés au gouvernement général, le général Catroux, (remplacé en juillet 1940 par l’amiral Decoux) l’armée japonaise envahit le Tonkin le 22 septembre 1940 et écrase en quelques jours, les faibles forces françaises qui gardent la frontière.

Biographie du général Georges Catroux

La garnison de Langson encerclée, doit se rendre. Nous perdons 150 tués dont 15 officiers et 2.500 prisonniers ; Les Japonais perdront 200 soldats, mis hors de combat.

Un armistice est signé et progressivement, les Japonais occupent toute l’Indochine, laissant l’armée française en place pour assurer le maintient de l’ordre.

C’est alors que la Thaïlande en profite pour tenter de s’emparer du Cambodge. Mais au cours d’une guerre qui dure deux mois, de décembre 1941 à la fin janvier 1942, l’armée thaïlandaise et sa marine sont battues par les quelques forces française présente sur place.

A la fin de 1940, la résistance française commence à s’organiser sur tout le territoire de l’Indochine, essentiellement en établissant des réseaux de renseignements, au profit des Anglais et de Américains. Cela permettra à partir d’août 1943, les bombardements américains sur les bases japonaises, sur Hanoi et Saigon, faisant des centaines de morts parmi la population civile.

Malgré ces bombardements, le 9 mars 1945, les Japonais attaquent par surprise et simultanément toutes les garnisons françaises. En quelques jours, l’armée française est anéantie. Néanmoins quelques unités françaises, comme la colonne Alessandri, arrive à passer en Chine ou à former des maquis en haute région du Tonkin et du Laos.

Le Laos et la Camboge proclame leur indépendance.

La parti communiste indochinois, crée en 1930 par Hô Chi Minh, dissous en 1940 mais aussitôt passé dans la clandestinité, en profite pour refaire surface. Hô Chi Minh constitue, à Hanoi même, un comité de Libération et appelle à l’insurrection le 13 août 1945.

Le 14 août 1945, le Japon capitule…

Les Américains ne cachent pas qu’ils sont contre le retour des Français et oeuvrent d’ailleurs, ouvertement, pour l’indépendance immédiate du Vietnam. Lors de la rencontre de Postdam, le 26 juillet 1945, il est décidé de faire occuper le Vietnam par les Chinois nationnalistes au nord du 16e parallèle et par les Anglais au sud, de façon à désarmer les Japonais et à mettre en place un gouvernement vietnamien. Le 20 août 1945 le Vietminh occupe Hanoi, s’empare des bâtiments administratifs et forme le Comité de Libération de sud.

 

Le 25 août, l’empereur Bao Dai abdique en faveur du Vietminh et le 29 août, avec les partis nationalistes un gouvernement de la république du Vietnam est formé, placé sous la présidence de Hô Chi Minh, qui proclame l’indépendance du Vietnam le 2 septembre 1945.

Cependant, le 12 septembre les premières troupes anglaises et françaises arrivées libèrent Saigon et rétablissent l’administration française.

D’octobre à décembre 1945, les deux tiers de la Cochinchine sont à nouveau sous contrôle de l’armée française. Les Viets <<prennent le maquis>> ; Fin décembre, le Cambodge se rallie à son roi, protègé de la France, et en Annam les unitées françaises contrôlent le sud de cette région.

Le Vietminh occupe tout le Tonkin et les premières troupes françaises ne débarqueront à Haiphong que le 6 mars 1946, alors qu’au même moment, Hô Chi Minh signe avec l’envoyé du gouvernement français,

biographie de Jean Sainteny

monsieur Sainteny, des accords sur les liens l’unissant à la France ; Alors que le général Leclerc, envoyé en Indochine comme commandant en chef, approuve ces accords, en France, les partisans de l’Indochine française les désapprouvent.

Général Leclerc

Après de durs combats contre le Vietminh, du 20 au 30 septembre 1946, la 9e Division d’infanterie Coloniale s’empare de Haiphong.

 

Le 19 décembre, Hô Chi Minh, par un coup de force, tente de chasser les français de Hanoi ; les combats sont violents et de nombreux civils français sont massacrés. Hanoi reste aux mains des Français mais, à partir de cette date, Hô Chi Minh proclame l’insurrection générale dans tout le Vietnam ; c’est la guerre totale avec le Vietminh.

Hô Chi Minh

Mais cette guerre d’Indochine n’intéresse pas la métropole, d’autant que le contingent n’y participe pas. Les gouvernements, qui se succèdent à Paris, ne prennent d’ailleurs que de demi-mesures qui ne pourront mener inévitablement qu’à un échec.

Si l’intervention en Indochine est maintenue, uniquement à la charge des militaires d’active, c’est parce que les gouvernements de l’époque craignent que l’abandon de l’Indochine entraîne en cascade la perte de toutes nos colonies et territoires d’outre-mer. Faisant suite aux accords signés entre l’empereur Bao Dai et monsieur Bollard, nouveau Haut commissaire de la France en Indochine, l’indépendance de Vietnam est proclamée le 5 juin 1948 tandis qu’au même moment est proclamée l’indépendance du Cambodge et du Laos.

 

A partir de 1948, le gouvernement français semble prendre conscience qu’une issue militaire favorable, n’est plus envisageable au Vietnam. La seule solution semble résider dans la fin de l’entente entre les nationalistes et les communistes, en aidant à la création et au développement d’un état Vietnamien, disposant d’une armée nationale capable de relever l’armée française.

En revanche, les états de Cambodge et du Laos demeurent calmes.

 

En 1950, la république Démocratique de Vietnam de Hô Chi Minh est reconnue par tous les pays communistes. Et cette même année, les armées communistes de Mao Tsé-toug arrivent sur la frontière de Tonkin avec la Chine.

Dès ce moment, l’armée vietminh commence à recevoir des armes de tous calibres des pays communistes et peut s’entraîner en Chine. Se développant rapidement elle constitue des divisions, avec de l’artillerie, et attaque les Français au Tonkin.

Faute de moyens, les Français ne peuvent plus tenir le frontière de Chine et décident d’évacuer tous les postes entre Cao Bang et Langson. L’évacuation commence le 2 octobre 1950, à partir de Cao Bang, et une colonne au départ de Langson est envoyée à leur rencontre. Cette colonne est stoppée par 30.000 Viets, qui anéantissent toutes les unitées françaises la composant/ 7.000 hommes de nos meilleurs unités, sont perdus.

L’armée française au Tonkin ne se maintient plus que dans le delta de Fleuve Rouge, le partie la plus peuplée et la plus riche. C’est là cependant que le Vietminh se ravitaille en riz…

 

Avec l’arrivée de général de Lattre de Tassigny en décembre 1950, le C.E.F.E.O. (corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient) espère arrêter la poussée vietminh au Tonkin et reprendre l’initiative. Malgré quelques succès éphémères, tels Hoa Binh occupée le 22 février 1952, Nasan occupée le 22 novembre 1952 et évacuée le 13 août 1953, les troupes française ne peuvent sortir de delta de Fleuve Rouge, laissant la place à des régiments vietminh qui s’y infiltrent.

général de Lattre de tassigny

Dans le but de barrer la route de Laos au Vietminh, un camp retranché est établi en pays thaï, à partir de novembre 1953 : c’est Dien Bien Phu… qui sera attaqué par plusieurs divisions viets, dès le 13 mars 1954.

Malgré l’héroïsme des 16.000 défenseurs, le camp sera submergé par 40.000 attaquants et tombera le 7 mai 1954. Nous y perdrons 1.570 tués, plus de 4.000 blessés et 10.000de nos soldats seront portés disparus ou fait prisonniers.

Dans le sud Vietnam, les éléments de C.E.F.E.O. et de l’armée vietnamienne, s’ils contiennent les guérillas vietminh, ne peuvent les éliminer.

Assurant la présidence du Conseil du gouvernement français, monsieur Mendès France signe le 20 juillet 1954, après négociations avec le Vietminh, <<les accords de Genève>> qui mettent fin à la guerre d’Indochine. Le Vietnam sera partagé en deux parties : au nord du 17e parallèle le Vietnam nord, où s’établit une démocratie populaire placée sous la présidence d’Ho chi Minh et au sud, le sur vietnam-Sud, Etat républicain placé sous la présidence de Ngô Dinh Diem, soutenu et aidé par les Etats-Unis d’Amérique.

Biographie Pierre Mendès France

 

En 1955, les troupes françaises quittent définitivement l’Indochine, pour rejoindre l’Agérie, où le guerre a commencé.

 

                                                                                      Général Paul Simonin

 

Jean Sainteny

Né en 1907 au Vésinet, Jean Sainteny entre en 1929 à la banque de l'Indochine et est aussitôt envoyé en Extrême-Orient. Il n'y reste alors que deux ans, mais cela suffit à l'attacher durablement à cette région du monde.

Chef de la mission militaire en Chine en 1945, il est nommé commissaire de la République pour le Tonkin et le Nord-Annam en décembre 1945. C'est à ce titre qu'il signe avec Hô Chi Minh les accords du 6 mars 1946, qui permettent aux troupes du général Leclerc d'entrer sans combat dans Hanoï, première tentative de décolonisation pacifique.

Cependant, le 19 décembre suivant, c'est l'insurrection générale : la guerre d'Indochine commence. Jean Sainteny rentre en France en février 1947 et est alors chargé de missions diverses jusqu'à sa nomination, en 1954, comme délégué général de France au Nord-Vietnam, poste qu'il occupera jusqu'en 1958.Il sait alors rétablir et maintenir de bon contacts avec les autorités du nouvel Etat.

En 1968, il fonde l'Institut international bouddhique qui donne lieu à la création d'une pagode au bois de Vincennes.
Parallèlement à son rôle dans la décolonisation de l'Indochine, Jean Sainteny est aussi un gaulliste indéfectible. Pendant l'occupation allemande, il devient l'un des chefs du réseau Alliance, rattaché à l'Intelligence Service britannique. Responsable de la région nord-est, il prend le pseudonyme " Dragon ".

De 1959 à 1962, il est nommé commissaire général au tourisme. Elu député UNR-UDT en novembre 1962, il obtient la même année le portefeuille des Anciens Combattants dans le gouvernement Pompidou. Il le gardera jusqu'en janvier 1966. Deux ans plus tard, il est nommé membre du Conseil constitutionnel.
Il meurt en 1978.

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Biographie de Pierre Mendès France

Bachelier à quinze ans, docteur en droit six ans plus tard, Pierre Mendès France fait une entrée tout aussi précoce en politique. En 1923, il s'inscrit au parti radical dans la mouvance des "Jeunes Turcs", ce groupe de réflexion ancré à gauche. Député, il s'oppose à la participation de la France aux J.O. de Berlin de 1936 - et c'est d'ailleurs le seul. Secrétaire d'Etat en 1938, il élabore avec Blum un projet de réarmement que le Sénat repousse. Lorsque la guerre éclate, il livre combat avant de se faire arrêter conformément aux lois antisémites. Evadé, il rejoint la Résistance. Ministre de l'économie à la Libération, sa politique de rigueur déplaît : une nouvelle fois, son projet est avorté. En revanche, il est appelé à la présidence du Conseil de juin 1954 à février 1955 pour apaiser les tensions coloniales : il met un terme à la guerre d'Indochine, accorde l'autonomie à la Tunisie, et permet à l'Allemagne d'intégrer l'OTAN. Il tombe toutefois sur la question algérienne. Membre du PSA puis du PSU, il soutient Mitterrand lors des présidentielles de 1965, 1974 et 1981.

SES ANECDOTES

Hommage
Mitterrand lui a adressé ces mots lors de son investiture à l'Elysée : "Si je suis ici, c'est grâce à vous. C'est la justification de tant d'années dont vous avez été l'initiateur".

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Biographie du général Georges Catroux (1877-1969) 
Le représentant de la France Libre au Moyen Orient et en AFN 

Né en 1877 à Limoges, sorti de Saint-Cyr en 1898, lieutenant à la Légion étrangère (1900), il est envoyé au Sahara, en Indochine, puis en Algérie, où il participe à la préparation de la conquête du Maroc, sous les ordres de Lyautey (1906-1911).

Chef de bataillon au 2e RTA (1914), il est blessé et fait prisonnier (octobre 1915).

Interné au fort d’Ingolstadt, il y retrouve le capitaine de Gaulle.
Gouverneur de la province de Damas (1920) attaché militaire à Constantinople (1923-1925), il regagne le Levant (1926), où il plaide pour l’indépendance de la Syrie et du Liban, sous mandat français.

Il exerce ensuite des commandements en Algérie et au Maroc.
Nommé gouverneur général de l’Indochine (juillet 1939), il est révoqué par Vichy (juillet 1940) et rallie la France Libre.

Commandant en chef et délégué de la France libre au Moyen-Orient, il proclame l’indépendance de la Syrie et du Liban et est nommé Haut commissaire au Levant (juillet 1941).

Gouverneur général de l’Algérie, commissaire d’Etat du CFLN (1943), il devient ministre d’Etat chargé de l’AFN au sein du GPRF (septembre 1944), puis ambassadeur de France en URSS (janvier 1945).

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Père Alexandre de Rhodes

En 1624, l'arrivée en Cochinchine du père Alexandre de Rhodes, né à Avignon en 1591, marque l'origine de l'influence française dans cette région. Missionnaire infatigable, il alla ensuite christianiser le Tonkin, d'où son trop grand succès le fit chasser, se rendit à Macao et revint à Rome en 1649 pour fonder les "MISSIONS ETRANGERES". Il eut également le grand mérite de mettre au point le QUOCNGU, écriture nouvelle du vietnamien utilisant les caractères latins et remplaçant les Idéogrammes chinois. Cette écriture simplificatrice devait être reprise par les lettrés vietnamiens dont les efforts assurèrent l'utilisation du "quôc-ngu" comme écriture nationale. 

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Monseigneur PIGNEAU de BEDAINE

Les conditions pour une implantation solide et durable de la France au Vietnam semblèrent se réaliser à la fin du 18ème siècle. D'abord parce que la perte de nos possessions indiennes en 1763 poussa à rechercher une compensation vers des territoires encore disponibles, ensuite, et surtout, parce que Monseigneur PIGNEAU de BEDAINE joua un rôle capital auprès de l'empereur GIA-LONG. En effet, lorsque le missionnaire Pigneau de Béhaine arriva en Cochinchine en 1767, cette province était à feu et à sang du fait de la terrible révolte des Tay-Son qui avait chassé du Tonkin la dynastie des Trinh et de l'Annam la dynastie des Nguyen, tuant le roi et pourchassant son héritier NGUYEN ANH (le futur Gia-Long). Nommé à 28 ans évêque de Cochinchine avec le titre d évêque d'ADRAN, Pigneau de Béhaine sauva NGUYEN ANH en 1776 et décida le prince à demander l'aide de Louis XVI.

L'évêque, accompagné du fils de NGUYEN ANH, s'embarqua alors pour la France et obtint du roi un traité d'alliance qui assurait l'encadrement et l'équipement de l'armée annamite à partir de nos territoires de l'Inde. Mais cette aide ne fut pas assurée par suite de la mauvaise volonté du gouverneur de Pondichéry. Pigneau de Béhaine prit alors lui-même 1'affaire en main, recruta des volontaires, acheta des armes et arma deux navires pour réorganiser l'armée de NGUYEN ANH. Cette aide technique et militaire allait permettre en 10 ans de vaincre définitivement les Tay-Son (1792-1802), de s'emparer de Hué puis d'Hanoi. NGUYEN ANH put ainsi se faire proclamer empereur sous le nom de GIA-LONG et unifier l'ensemble sous 1'appellation de VIETNAM. Gia-Long fut toute sa vie reconnaissant à Mgr d'Adran auquel il fit des funérailles grandioses. Il assura également la protection des chrétiens et nomma même des mandarins parmi les officiers français qui avaient contribué à sa victoire.

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