Le général Friedrich Wiese 1892-1975, Nordkastedt |
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Les forces allemandes : 250.000 hommes de la 19ème armée sous les ordres du général Wiese Une machinerie militaire compliquée se met en place. Pour la zone sud de la France, en début d'année 1944, elle comprend 15 divisions réparties dans le couloir rhodanien, le littoral atlantique, le sud-ouest et le sud-est. Le long des côtes méditerranéennes, aucun système de défense cohérent ne peut être réalisé. Les causes sont multiples. Difficultés de la géographie, côtes découpées, pénurie de moyens de transports, difficultés de main d'œuvre. Seul, un simple rideau littoral d'ouvrages défensifs est établi. Champs de mines, obstacles contre les opérations aéroportées, défenses sous-marines ne sont que partiellement réalisés. En juillet 1944, les trois meilleures divisions de la Wehrmacht, basées en Provence, ainsi que de l'artillerie motorisée et des canons d'assaut, font mouvement vers les champs de bataille du nord de la France. Dans ses plans stratégiques, l'OKW conçoit désormais les côtes méditerranéennes comme un secteur secondaire, une position retardatrice qu'il conviendra de tenir le plus longtemps possible. Dès juin, la destruction de tous les ports de la côte est prévue. Lorsque le 1er juillet 1944, le général Wiese prend le commandement de la 19ème Armée chargée du secteur côtier méditerranéen, il constate que : - les cadres des unités sous ses ordres sont souvent âgés - les unités d'infanterie sont, en grande partie, composées de volontaires peu sûrs de l'Ostlegion. Disciplinées et solides, les troupes allemandes n'ont pas commis d'exactions marquantes à l'encontre des populations dont elles n'encourent pas encore l'hostilité armée. - 7 divisions d'infanterie se répartissent sur l'ensemble du littoral méditerranéen, soit 10 km par bataillon. Pourtant, le règlement tactique est formel; en position défensive, un bataillon ne peut tenir, efficacement, qu'une zone de 1 km 500 de large. 2 bataillons d'infanterie constituent les seules réserves mobiles. Basée dans la basse vallée du Rhône et susceptible d'intervenir puissamment, la 9e Panzer division a été envoyée dès le 29 juillet, en renfort vers le nord. - l'artillerie de campagne aligne 4 pièces, tous les 10 km. Installées trop près du rivage, en des points fixes vulnérables, les batteries côtières ne peuvent pas intervenir lors de combats à l'intérieur des terres. - le dispositif manque de pièces antichars, de batteries de DCA, de mortiers lourds, de véhicules de transportautomobile, matériels prélevés pour le front de Normandie. Il n'y a aucune formation blindée locale d'intervention. - entre les différentes armes (Wehrmacht- Kriegsmarine - Luftwaffe) le manque de liaison pour des actions coordonnées est évident. Le général Wiese est inquiet. Il a la conviction que le débarquement aura lieu soit dans le delta du Rhône, soit dans le large golfe de Fréjus. Le 3 août, l'OKW l'informe de l'imminence d'une opération aéronavale alliée d'importance. Le commandement de la 19e Armée allemande réagit en modifiant son dispositif dans la mesure de ses moyens. Des unités allemandes renforcent les bataillons de l'Ostlegion de Hyères à Saint-Raphaël. Un régiment d'infanterie de la 148e D.I. est retiré de la frontière niçoise et placé en réserve d'intervention au Muy. Dans la vallée de l'Argens, axe routier de pénétration rapide vers l'ouest et la vallée du Rhône, un bataillon antichars est mis en place. La violence des bombardements aériens entre le 11 et le 13 août et la présence de convois dans les ports d'A.F.N. et de Corse confirment le général Wiese dans son estimation de la situation : l'action alliée en préparation est imminente. La date lui est fournie par les services secrets. Ce sera le 15 août. Le général Wiese dirigera la bataille de son PC, le Château de Bontar, près de Pignans dans le Var. Hitler donne l'ordre de défendre le littoral coûte que coûte. Tout le dispositif est mis en alerte. Dès lors, les événements vont très vite : bombardements massifs par les Alliés, largage de mannequins dissuasifs à la Ciotat, convois maritimes faisant route vers la France... Et une nuit, les premiers parachutages au sud de Draguignan. Le commandant des forces allemandes sur le littoral provençal est sans illusion. Ses moyens sont trop faibles pour contenir une puissante attaque aéronavale. Il n'a aucune unité de manoeuvre et de contre-attaque. La 11e division blindée qui lui est concédée avec retard par Hitler ne peut pas franchir le Rhône faute de chalands de transbordement. Les moyens de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe sont dérisoires face au potentiel matériel des attaquants. Les dés sont jetés. La Wehrmacht fera de son mieux! Les forces terrestres de défense allemandes sur le littoral méditerranéen Les unités d'infanterie de la Wehrmacht comprennent: - La 244e Division d'infanterie dont le PC est à Aubagne. Ses unités sont réparties entre Bandol à l'est et Sausset-les-Pins à l'ouest (le 932e R.I. et le 934e R.I.). Le 933e régiment est en réserve disponible autour de Roquevaire. La 244e D.I. est composée d'éléments jeunes, bien entraînés et dévoués au parti nazi. Dotée d'excellents matériels, elle combat avec acharnement. Mais il lui manque des moyens antichars prélevés quelques semaines auparavant pour contrer les blindés alliés en Normandie. - La 242ème division d'infanterie dont le PC est à Besse-sur-Issole. Ses unités sont réparties entre Sanary et Sainte-Maxime. Le 918e R.I. est en place autour de Toulon, le 198e R.I. autour d'Hyères et le 917e R.I. est entre le Lavandou et Sainte-Maxime. Les effectifs sont de même type et formation que la 244e division. Les dotations en armements et munitions sont au complet. L'instruction a été bien réalisée. Les actions défensives sont acharnées et parfois tactiquement habiles. Il lui manque, comme à la 244èe, des moyens antichars et des véhicules de transport. - La 148e division d'infanterie dont le PC est à Grasse. <Ses unités sont réparties entre La Napoule et <Menton. Dans son principe, elle est une division de réserve, l'EM allemand ayant estimé que l'attaque alliée aurait lieu plus à l'ouest. C'est la plus vulnérable des 3 divisions. Elle comprend bon nombre de convalescents, de soldats âgés, d'éléments de l'Ostlegion. Bien instruit et aguerri, le personnel est moins combatif bien qu'il soit fortement encadré. La division possède une importante dotation de véhicules qui doit, en principe, lui permettre d'intervenir à distance. Mais ses effectifs sont répartis sur de trop grandes distances pour être réellement efficaces. - La 338ème division d'infanterie dont le PC est près d'Arles (à Barbegal). Ses unités sont réparties de part et d'autre du Rhône. Elle a déjà transféré vers le nord ses moyens lourds, un régiment de grenadiers au complet et des unités des 2 autres régiments. Elle doit être relevée par des unités de réserve. Les divisions allemandes qui tiennent le littoral feront, selon les ordres de Hitler, de la résistance sur place et seront anéanties. Mais il faudra la puissance de feu des Alliés pour réduire un à un leurs points d'appui. La lutte acharnée de Toulon et de Marseille démontrent la valeur de leurs unités d'infanterie. Toutefois pour s'opposer à l'avance des 3 divisions d'infanterie US dans la basse vallée de la Durance et la plaine du Rhône, ainsi qu'aux attaques françaises sur les bases de la côte (Hyères, Toulon, Marseille) des mouvements de troupes ont lieu vers l'est au nord de Marseille. Ces manœuvres seront les seules et resteront sans effet. Avec dix jours de retard, l'Ordre N°3 libérait les chars de la 11e Panzer Division et les mettait à la disposition du général Wiese, à Avignon. |