Biographie de l'Aspirant Christen-Marcel

20.11.2004

MES ORIGINES ET MON CHEMINEMENT DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE.

 

Je suis né le 15 décembre 1921 à ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN. Mon grand-père paternel était né à COLMAR et ma grand-mère à DETTWILLER (Bas-Rhin). La famille avait quitté l’Alsace après l’annexion à l’Allemagne, en 1870, pour s’installer à BELFORT.

Mon grand père était artisan chaisier et ma grand-mère s’occupait de ses huit enfants, tous nés à BELFORT, tout en aidant son mari pour le cannage et l’empaillage des chaises.

 

Ma mère Emilie HAEFLINGER, originaire d’ ALGOLSHEIM (Haut-Rhin), était issue d’une famille paysanne dont le père était aussi tisserant. Jeune orpheline elle fut 2levée par ses grands-parents et par sa sœur plus âgée. Mon père participe 0 la guerre de 14/18 comme Officier d’artillerie. Après un séjour au front il est affecté comme officier instructeur à l’école d’Artillerie de FONTAINEBLEAU et il termine le guerre comme capitaine sur le front de l’ARGONNE.

 

J’ai une sœur, Simone, née en 1917 dans un petit villa des environs de BELFORT et deux frères plus jeunes, Jean-Jacques et Daniel. Je fait mes étude secondaires au Gymnase Protestant à STRASBOURG. Je pratique le scoutisme dans la troupe locale et divers sports. Nous demeurons à ILLKIRCH jusqu’à la déclaration de la guerre en Septembre 1939. Je me replie avec ma famille à ETOBON, un petit village de Haute-Saône à une vingtaine de Km de BELFORT où nous avions une maison de vacances. Je fais une année de Math. Elem. Au lycée de BELFORT. Devant l’avance allemande, en juin 1940, nous sommes obligés par les autorités locales de nous replier. Nous optons pour l’AUVERGNE où mon père fait une cure pour soigner sa sclérose en plaques. Nous sommes bien accueillis, par des paysans près de la BOURBOULE auxquels nous apportons notre aide pour rentrer leurs foins. Nous revenons en Septembre à ETOBON qui se trouve en « zone interdite » où la circulation est particulièrement difficile et contrôlée par les Allemands. Je décide cependant de repartir aussitôt en zone libre pour répondre à l’appel du Général De GAULLE. Avec deux camarades de BELFORT nous passons clandestinement en zone libre.

 

Après plusieurs tentatives infructueuses à MARSEILLE, pour passer en Afrique du Nord ou nous faire débarquer sur la côte espagnole, je décide, étant à bout de ressources, de m’engager dans l’Armée de l’Air à SALON de PROVENCE, en vue d’une affection à la base aérienne de BLIDA en ALGERIE. En mai 41, avant mon départ pour BILDA, je suis victime, en service commandé, d’une grave entorce au genou. Après un séjour d’une semaine à l’infirmerie, mon genou reste bloqué et j’apprends que je suis réformé définitivement, sans être passé devant la commission. Je me retrouve à la rue, boitant bas, sans avoir touché ma prime d’engagement, sans pension et sans avoir été correctement soigné. Enfin, je trouve asile dans un centre d’accueil pour Alsaciens-Lorrains, près de HYERES dans le Var.

Quelques semaine après mon arrivée, je profite d’une possibilité de partir rapidement en TUNISIE à condition de m’engager dans les Chantiers de jeunesse. J’embarque à MARSEILLE avec un groupe de jeunes qui, comme moi, n’ont qu’une pensée : rejoindre par tous les moyens les forces de la France Libre pour participer aux combats pour la libération de la France.

 

Heureusement qu’aux Chantiers, à TABARKA, je tombe sur un médecin alsacien qui me prend sous sa protection, me dispense de marches et soigne mon genou qui se rétablira petit à petit. Malheureusement je ne trouve  aucunes solution pour réaliser mon rêve parce que je n’ai aucune possibilité de prendre contact avec les gaullistes qui seraient susceptibles de m’indiquer une filière pour rejoindre le France Libre ;

 

La TUNISIE est soumise à VICHY et la dissidence y est plutôt mal jugée. On nous qualifiait de « gaullistes », mais sans plus. Les jeunes Français de là-bas n’ont pas les mêmes préoccupations que nous, mais sont sensibles aux malheurs de nos deux provinces. Malgré tout, le moral est bon car l’équipe des Alsaciens-Lorrains reste soudée et une solide camaraderie s’instaure entre nous. A TABARKA, je n’ai jamais entendu chanter "  Maréchal nous voilà " , hymne à la gloire de Maréchal Pétain, tous ici chantons "  les Africain " et nous, en plus " Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ".

 

Je reste donc aux Chantiers, où j’ai pris du galon, jusqu’en Novembre 1942 où intervient le premier contingent qui est envoyé fin Décembre à l’école d’officiers de CHERCHELL en Algérie d’où je sors aspirant de l’Arme Blindée en Mai 43. J’ai la chance que le rapport de fin de stage de mon lieutenant instructeur, doté d’une très forte personnalité, se termine par un commentaire élogieux sur mon comportement à l’école et par une appréciation personnelle très brève mais significative " A l’âme d’un chef ".

 

Mon bon classement de sortie me donne le choix de mon régiment d’affection et j’opte pour le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique à TUNIS, parce  que je sais que des éléments de la colonne LECLERC s’y trouvent encore après la bataille de TUNISIE. Au 4ème Chasseur l’ambiance est mauvaise, la plupart des officiers, dont le Colonel, sont vichystes et ils veulent continuer à se battre pour libérer le Maréchal PETAIN ! Ma décision est vite prise : je ne resterai pas dans ce régiment. Le lendemain je rallie les Forces Françaises Libre ( FFL ) avec Jean HADEY, un bon camarade alsacien que j’avais rencontré dans la rue, à TUNIS où il avait trouvé un emploi en sortant des Chantiers de jeunesse. Je signe mon engagement pour la durée de la guerre dans un centre de regroupement des FFL près de KAIROUAN. De là je suis embarqué en camoin pour la TRIPOLITAINE où sont regroupées les troupes des généraux LECLERC et KOENIG. Compte tenu de ma formation militaire, je suis reçu par le Général LECLERC qui, avec un petit sourir, me demande si j’ai rallié les FFL pour avoir de l’avancement ! Je lui réponds que je suis alsacien et que je suis venu pour me battre pour la libération de mon pays. Il est satisfait de ma réponse et me précise qu’il a un attachement particulier pour l’ALSACE, ce que j’ai compris un peu plus tard, lorsque je pris connaissance des termes du Serment de KOUFRA. Il m’affecte à l’escadron BRANET qui arrive d’Angleterre pour renforcer le 1er bataillon de chars de la 2ème Division Française Libre qui deviendra le 501ème Régiment de Chars de Combat de la 2ème Division Blindée, après son déplacement au MAROC.

 

L’accueil est sympathique bien que BRANET soit très renfermé. Presque tous les officiers, sous-officiers et hommes de troupes sont volontaires. Ils viennent de partout, de France, d’Angleterre, d’Amérique du Sud, des Etats-Unis. La discipline est librement consentie, ce n’est pas peu dire.

Le capitaine Branet me confie le commandement de la 3ème section de l’escadron devenu 3ème Compagnie, que je garderai sans discontinuer jusqu’à la fin de la guerre. Mon char sera le HARTMANNSWILLERKOPF, nom d’un champ de bataille alsacien de 14/18 que personne n’est capable de prononcer mais qui attirera l’attention ! Les quatre autres chars seront : le DIXMUDE, l’YSER, LE NOTRE DAME de LORETTE et le GRAND COURONNE, également des noms de champs de bataille de la guerre de 14/18 comme tous les autres chars de la 3ème compagnie.

Par décret du président de la République, Marcel Christen a été promu au grade de commandeur dans l'ordre national de la Légion d'Honneur dans le cadre de la commémoration du 60ème anniversaire de la Victoire.

La cérémonie de décoration s'est déroulée au mois d'avril à Paris, à l'occasion d'une réunion annelle des Anciens du 501ème R.C.C. C'est le Général de Boissieu qui a décoré Monsieur Christen. Les deux hommes se connaissent: lors de la libération de 1944, le Capitaine de Boissieu commandait le 501ème Régiment de Chars de Combat où Marcel Christen était engagé!

 

Deuxième Division Blindée Q.G. 1er Bureau

Attestation

Le Général de division Leclerc Commandant la 2e Division Blinée, certifie avoir décerné à l'aspirant CHRISTEN,Marcel Robert, du 501e R.C.C. , la Médaille Mitlitaire, à Erstein, le 15 décembre 1944, pour le motif suivant :

"Jeune aspirant, Chef de section de chars, a tenu à l'honneur d'être en tête lors de l'entrée du sous-groupement dans sa ville natale de Strasbourg.

A été l'artisan principal du succès de la colonne dont il conduisit la marche foudroyante dans le lacis des rues faubouriennes avec un mépris complet du feu adverse, permettant de surprendre totalement les défenses organisées de l'ennemi qui, terrorisé par la charge de nos chars, se rendit sans avoir pu mettre en oeuvre efficacement un matériel considérable et en particulier douze pièces de 88mm ou 75mm.

A forcé l'admiration de tous par sa bravoure lucide, son entrain et son mordant." 

Q.G, le 16 décembre 1944

Général LECLERC

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Serment de KOUFRA : << Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs flotterons sur la cathédrale de Strasbourg >>

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Tous mes remerciements 
Au capitaine Christen -Marcel , pour le prêt et l’exploitation de ses mémoires et documents extraits de sa collections personnelles.
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